Krav Maga Geneve
Membre de la KRAV MAGA FEDERATION d'Alain Cohen ( KMF / AC)

Module 2 – Partenaires potentiellement abusifs : les identifier pour s’en prémunir

On pense souvent que l’autodéfense consiste à maîtriser les techniques visant à repousser ou neutraliser physiquement un agresseur. Pourtant, elle débute bien avant l’agression ! Prudence et prévention représentent des étapes indispensables afin de diminuer les probabilités de devoir utiliser ces techniques contre un assaillant. De plus, les abus physiques ne sont pas les seuls dont vous devez vous préserver : les partenaires utilisant la violence émotionnelle sous toutes ses formes sont tout autant à craindre pour votre santé, aussi bien mentale que physique. Ce sont les raisons pour lesquelles il peut vous être utile de reconnaître les signaux d’alarme le plus tôt possible lorsque vous débutez une relation amoureuse.

Il vaut mieux prévenir que guérir : ce module présente indices pouvant être identifiés chez les partenaires (ou ex-partenaires) avec qui la relation peut tourner au harcèlement. Son but n’est pas de fournir des conseils sur la façon de résoudre un conflit de cette nature ni sur la manière de quitter un individu adoptant ce type de comportement, mais bien d’apprendre à prêter attention aux signes auxquels il est bon de prêter attention pour s’en préserver. Ainsi, si ce n’est pas pour vous-mêmes, vous pourriez être davantage en mesure de comprendre les victimes afin d’apporter votre soutien dans le cas où vous constatez qu’une de vos connaissances est impliquée dans ce genre de rapports abusifs (ce qui n’est pas toujours chose aisée). L’objectif n’est pas de faire de vous un psychologue spécialisé en la matière, mais d’encourager la personne à chercher l’aide d’un professionnel dans le cas où elle se sent suffisamment en confiance pour vous en parler. Si cela vous arrive, ne jugez pas la personne sur le fait qu’elle reste avec un tel partenaire. La honte accompagnant les victimes d’abus fait qu’il est difficile pour elle d’en parler, alors ne découragez pas sa démarche qui est positive, au risque qu’elle se referme sur elle-même et renonce à changer sa situation.

Différents types de violence

Les violences commises par un partenaire au sein du couple peuvent revêtir différentes formes. Elles peuvent être de nature physique, psychologique/émotionnelle, sexuelle ou financière. L’auteur des violences peut se livrer à un type d’abus en particulier ou plusieurs, parfois même tous à la fois, car leur point commun est la recherche de contrôle sur l’autre.

La violence psychologique et émotionnelle

Ce type d’abus peut se manifester de différentes manières. Il inclut l’intimidation ainsi que la menace. Celles-ci ne sont pas forcément verbales : le partenaire peut par exemple (with hanging in a noticeable place) pour rappeler à sa compagne de quoi il est capable. Les menaces peuvent être dirigées contre les effets personnels de la victime ou ses proches (enfants, amis, animaux de compagnie, etc.).

Insultes et critiques négatives sur la personnalité ou le physique sont fréquentes et visent à abîmer l’estime de soi de la victime et la persuader qu’elle est chanceuse de fréquenter son partenaire. Souvent exercées en privé, ces humiliations peuvent néanmoins l’être en public. L’auteur des violences peut également utiliser la culpabilité comme moyen de pression, reprochant par exemple à sa compagne de passer du temps avec sa famille ou ses amis, tentant de l’isoler pour se l’approprier tel un objet en sa possession.

La peur, la honte et la culpabilité peuvent dissuader les victimes de ces agissements de quitter le partenaire en question. Elles craignent souvent les représailles et se persuadent qu’elles ne méritent pas mieux qu’un tel traitement. En effet, leur confiance en elles se trouve abîmée par les commentaires dénigrants si souvent entendus auxquels elles finissent par adhérer, et elles doutent de pouvoir trouver un partenaire convenable susceptible de leur porter de l’intérêt.

La violence économique

Elle peut être directe ou indirecte : l’auteur de l’abus peut par exemple exiger de sa partenaire qu’elle subvienne à ses besoins, critiquer ou diriger sa manière de dépenser son argent, prendre le contrôle de ses finances en gérant le fruit de son travail ou lui interdire de travailler afin de la rendre exclusivement dépendante de lui. Le conjoint abusif s’assure que sa compagne trouve difficilement des alternatives à la relation.

La violence sexuelle

Les abus sexuels au sein du couple ne désignent pas uniquement le viol comme on l’entend au sens de rapport sexuel obtenu par la contrainte physique. Ils peuvent consister à les obtenir par la pression psychologique, comme par exemple insister lourdement pour que sa partenaire s’adonne à des pratiques auxquelles elle ne consent pas ou ne se sent pas à l’aise d’expérimenter, ou à un moment où elle ne désire pas avoir ce type de contact. Il peut aussi s’agir de photos érotiques prises et/ou partagées sans son consentement.

La violence physique

Certains actes sont physiquement violents sans pour autant être physiquement douloureux : c’est aussi le cas de la violence physique, qui prend un sens plus large que le fait de recevoir des coups. Être poussée, enfermée dans une pièce ou un placard, recevoir des projectiles, voir ses mouvements entravés ou son partenaire se tenir devant elle pour lui bloquer l’accès à un lieu ou à sa sortie en constituent des exemples, même s’ils ne laissent pas nécessairement de marques visibles sur la victime.

Une évolution graduelle de la violence

Tous les abus de nature émotionnelle n’évoluent pas forcément en abus physiques. Par contre, la violence physique est très fréquemment précédée de violence psychologique, premier indicateur que les choses risquent de dégénérer dans ce sens. C’est pourquoi il est important de prêter attention à l’évolution d’une relation, même lorsque les signes avant-coureurs ne semblent pas alarmants. Pour illustrer ce conseil par un exemple trivial, prêtez attention à la manière dont votre ami s’adresse à vous pour vous donner son avis sur une tenue vestimentaire : cette manière peut évoluer du compliment à l’ordre, en passant par l’opinion et la question. Ainsi, « Les jupes courtes te vont bien » (compliment) peut devenir « Tu devrais en porter plus souvent » (opinion) et « Pourquoi portes-tu toujours des jeans ? » (question) peut tourner en « Je t’ai déjà dit que je préférerais que tu portes des jupes » (ordre).

Le refus d’assumer sa responsabilité dans sa manière d’agir est un trait commun aux agresseurs de ce type : ils justifient leurs agissements par les circonstances extérieures indépendantes d’eux-mêmes et par l’attitude de leur victime. Ils perçoivent leur statut au sein de la relation comme comportant le droit d’exercer un contrôle sur elle, qu’il s’agisse de la manière dont elle se comporte, s’habille, qui elle fréquente, ce qu’elle doit accepter ou non, etc. Parfois, la partenaire maltraitée ne doit pas se contenter d’agir comme il le souhaite, mais aller jusqu’à adopter ses opinions et préférences.

Certains individus attendent de leur partenaire qu’elle remplisse un rôle, une fonction utilitaire et ne prennent pas en considération le fait qu’elle est une personne à part entière qu’ils doivent apprendre à connaître, accepter et respecter. Ils ont à l’esprit un profil prédéterminé de ce qu’est une partenaire idéale à leurs yeux et elle se doit de correspondre à celui-ci. Ils ne s’engagent généralement pas dans une relation en ayant pour objectif prémédité de la malmener : souvent, les débuts sont idylliques mais ils réalisent à mesure que la relation se construit que les choses ne se déroulent pas exactement à leur convenance, et que la partenaire qui semblait à priori parfaite ne l’est pas. C’est à ce moment-là que les abus peuvent apparaître. Étant donné que l’auteur de ce type de harcèlement n’assume pas sa part de responsabilité dans la relation, il perçoit sa compagne comme étant responsable du fait qu’elle ne répond pas à ses attentes, ce qui prouve à ses yeux un manque d’investissement et d’efforts de sa part.

C’est pour ces raisons que les abus n’apparaissent pas dès le commencement de la relation. Au départ, vous êtes la candidate idéale qui a « passé l’entretien et décroché le job ». Progressivement, votre partenaire commencera à vous façonner par le biais de demandes subtiles, peu frappantes car peu excessives. Ainsi, il évaluera dans quelle mesure vous êtes prête à faire des compromis et sacrifices pour lui. Les ennuis commenceront véritablement lorsque vous chercherez à poser des limites aux concessions de plus en plus élevés qu’il attend de votre part. L’échec de son idéal de relation vous sera alors imputé, puisque vous vous affirmez telle que vous êtes et non telle qu’il voudrait que vous soyez.

Un partenaire abusif ne tente pas seulement de prendre les commandes des différents aspects de votre vie : il manipule également vos sentiments dans le but de vous culpabiliser pour les dysfonctionnements de la relation et vous inciter à en faire toujours plus pour le contenter, ainsi que vous dissuader de le quitter par culpabilité.

Les questions à vous poser à propos de votre partenaire / relation

Prend-il des décisions à votre place ou pour vous deux sans vous concerter ?

Lorsque vous êtes dans une relation d’égal à égal basée sur le respect, les projets de couple se font à deux et chacun à son mot à dire. Votre partenaire ne devrait pas systématiquement s’opposer à vos envies et objectifs personnels et vous inciter à abandonner les ambitions de vie qui vous tiennent à cœur. S’il le fait, sachez que la situation ne fera qu’empirer à mesure que vous capitulerez. Si les concessions respectives ont leur place dans une relation saine, ce n’est pas le cas de la soumission. Or, ce type de personnalité ne fera jamais de concession pour vous : inflexible et catégorique en tous points, il vous usera jusqu’à ce que vous abandonniez vos arguments afin qu’il vous laisse tranquille. Malheureusement, un autre sujet sur lequel il attendra de vous la résignation suivra et ce schéma est sans fin. Et contrairement à ce que nous pourrions croire, il n’est pas réservé aux femmes « faibles de caractère » de céder à des demandes de plus en plus élevées sans même s’en rendre compte avant que la situation ne soit préoccupante : pour éviter le conflit, nous pouvons avoir tendance à relativiser en nous disant que le sujet n’a pas une grande importance et que « si cela peut lui faire plaisir, où est le mal… ? ». Jusqu’à ce que nous réalisions que la situation est devenue indéniablement anormale.

S’oppose-t-il à votre vie sociale ?

Votre partenaire peut avoir une vision différente de la vôtre concernant la manière dont fonctionne une relation. Certains auteurs de maltraitance émotionnelle souffrent davantage d’un complexe de supériorité que d’infériorité. Ils sont de ceux qui pensent être des individus d’exception, dont le prestige n’est pas reconnu à sa juste valeur. En ce sens, ils sont frustrés de constater qu’ils ne reçoivent pas l’admiration et la reconnaissance qu’ils pensent mériter, et attendent de leur compagne qu’elle renforce la vision qu’ils ont d’eux-mêmes.

Ainsi, leur compagne ne devrait avoir besoin de personne d’autre dans sa vie, puisqu’il se considère plus capable que quiconque de combler ses besoins : toute personne extérieure n’a donc pas sa place et représente une menace pour leur estime d’eux-mêmes. Si votre ami possède cette vision des choses, il aura tendance à tester votre engagement envers lui et à vous culpabiliser d’avoir besoin de fréquenter d’autres personnes, espérant que vous annulerez vos sorties, ce qui ne manquera pas de le conforter dans l’idée qu’il a raison. Il cherchera à vous isoler afin que l’opinion qu’il a de vous devienne la seule qui vous importe, que vous n’ayez pas de soutien extérieur et aucune occasion d’avoir une vision de vous-même autre que celle qu’il vous renvoie.

Interprète-t-il vos « peut-être » en promesses ?

Ce problème peut être expliqué par une vision en noir et blanc du partenaire contrôlant. Il a une conception assez précise de comment les choses doivent se dérouler et de comment les gens doivent se comporter, et cette conception manque fortement de flexibilité. Par exemple, si votre habitude est de rentrer à la maison à une certaine heure, vous provoquerez la suspicion chez le partenaire si vous brisez cette habitude qui fait acte de loi. Étant donné qu’il n’y a pas de nuances mais uniquement des absolus, il perçoit les gens comme étant « avec » ou « contre » lui. Ainsi, une simple conversation entre collègues vous ayant retardée sera perçue comme impliquant un intérêt d’ordre sentimental ou sexuel (elle ne peut pas être neutre puisqu’elle a eu lieu), ce qui allonge la liste des dérogations à ses règles, alors qu’au final vous n’avez rien commis de répréhensible.

C’est cette vision en noir et blanc qui fait que, lorsque vous lui dites que vous avez besoin de réfléchir à une de ses propositions, il prend votre réponse pour un engagement certain puisque vous n’avez pas refusé de but en blanc. La conclusion est similaire aux paragraphes précédents. Cette personne ne prend pas en considération ce que vous lui dites mais uniquement ce qu’elle souhaite entendre de vous : par conséquent, elle ne vous respecte pas.

Fait-il / a-t-il fait des projets à long terme ou des cadeaux hors de prix à un stade (trop) précoce de la relation ?

Si le partenaire a cette tendance à avoir des attentes précises concernant votre rôle et à voir les choses de façon dichotomique comme vu précédemment, il aura probablement des attentes précises sur comment doit se développer la relation et prendra votre hésitation comme un engagement lorsqu’il abordera des sujets comme la vie en concubinage ou le mariage à un stade où cela n’est pas approprié.

Il peut sembler flatteur et enthousiasmant de rencontrer un homme qui n’a pas peur de l’engagement et qui semble savoir où il veut aller. Mais si l’homme en question regarde dans une direction sans se soucier de savoir si vous partagez les mêmes ambitions et vous met la pression, cela doit soulever des interrogations.

Il en est de même pour les cadeaux : s’il vous fait souvent des cadeaux inappropriés qui vous mettent mal à l’aise de par leur valeur disproportionnée dès les premiers jours de la relation, il se pourrait qu’il tente également de prendre le contrôle en vous faisant vous sentir redevable.

Vous demande-t-il fréquemment ou vérifie-t-il ce que vous faites, où et avec qui ?

S’il n’y a pas de mal à porter de l’intérêt à la vie de son partenaire, chercher à connaître son emploi du temps dans les moindres détails sans lui laisser du temps libre qu’il n’a pas à justifier n’est pas un gage de confiance et de respect. Le partenaire contrôlant estime que vous lui devez chaque instant de votre temps : ainsi, passer une après-midi à prendre soin de vous ou pratiquer un loisir sans être joignable à tout moment sera pris comme un signe de manque d’investissement de votre part, voire un manque de loyauté. Ce type de comportement peut, comme les autres, débuter par des questions banales sur ce que vous faites, mais qui deviennent trop fréquentes et se transformer peu à peu en exigence que vous rendiez des comptes, ce qui ouvre la porte aux interdictions. Il sera probablement accompagné de vérifications sur la véracité de ce que vous lui dites être en train de faire et à quel endroit.

Fait-il allusion à ses ex-partenaires dans des termes insultants ?

S’il se fait passer pour une victime en évoquant une responsabilité totale de la part de ses ex-partenaires sans ses précédentes ruptures, insistant sur tout ce qu’elles lui ont fait subir, ou en vous racontant les grands drames de sa vie dès les premiers rendez-vous, il se fait probablement passer pour une victime afin de s’attirer votre empathie et justifier de ses comportements futurs. Cela est un signe de son incapacité à se remettre en question et à prendre ses responsabilités.

Évitez de prendre les histoires qu’il vous raconte pour argent comptant car il est possible qu’il affabule, et pensez qu’il est probable qu’il parle de vous dans des termes similaires si votre relation venait à se terminer un jour. Le langage qu’il utilise à propos de ses relations passées est évocateur de la manière dont il perçoit les femmes et les relations amoureuses en général. S’il vous dit que vous êtes différente des autres femmes, méfiez-vous du revers de ce qui semble un compliment : il a peut-être une image négative du genre féminin et vous pourriez être mise dans le même panier si vous veniez à le décevoir.

Conclusion

Sortir d’une relation abusive peut être extrêmement difficile une fois que cette dynamique de couple s’est installée. Les contraintes effectuées sur la victime peuvent sérieusement entraver sa capacité à prendre une décision et agir dans ce sens pour sa propre survie mentale et physique. C’est pourquoi il est important d’être capable d’identifier les éléments potentiellement anormaux afin de mettre des limites avant qu’elles ne soient franchies. Si vous tentez de poser vos limites au début d’une relation et que votre partenaire ne semble pas enclin à les respecter, agissez avant qu’il ne prenne les commandes de votre vie qui n’appartient à personne d’autre qu’à vous.

Les 3 techniques d’autodéfense présentées lors de la 2ème session du programme sont basées sur les scénarios suivants :

  • 1.Saisie de poignet (1 main, même côté & côté opposé / 2 mains)
  • 2. Geste vif de revers (simple/Double)
  • 3. Saisie de corps par derrière