Krav Maga Geneve
Membre de la KRAV MAGA FEDERATION d'Alain Cohen ( KMF / AC)

MODULE 1 – Prédateurs sexuels : prévenir les agressions

Ce module présente les manières typiques dont les prédateurs sexuels sont susceptibles de se comporter, sur quels critères ils choisissent leurs victimes potentielles et par le biais de quelles stratégies ils tentent de s’en approcher. Cette section introduit les différents types de prédateurs sexuels mais se concentre plus particulièrement sur leurs attitudes et modes opératoires afin d’apprendre à identifier les indices de comportement pouvant s’avérer suspects. En effet, la prévention joue un rôle important lorsqu’il s’agit d’assurer sa propre sécurité. Il est donc primordial de prendre certaines précautions pour diminuer les risques d’être considérée comme une cible éventuelle et sortir d’une situation à risque avant qu’elle ne dégénère en une agression manifeste.

« Les statistiques concernant le viol indiquent étonnamment que les femmes sont en réalité moins en sécurité à la maison ainsi qu’avec les amis, les connaissances et la famille. »

Toute personne doit être perçue sur la base de ses comportements, qu’il s’agisse d’un inconnu ou d’un individu appartenant à votre cercle social (ami, connaissance, ou même un membre de la famille) : statistiquement, les probabilités d’être agressé(e) par une personne que vous connaissez sont significativement plus élevées que celles de l’être par un inconnu.

Schémas de violence et manipulation

Nous possédons tous des « schémas de violence », c’est-à-dire des représentations sur la manière dont les différents types d’agressions se produisent (et/ou le contexte dans lequel elles peuvent avoir lieu), qu’il s’agisse d’agressions sexuelles, de violence domestique ou d’agressions diverses. Ces convictions sont construites sur la base des informations communiquées par les médias, des conseils de sécurité couramment véhiculés, de nos propres expériences, de celles racontées par nos proches et connaissances, etc. Nous utilisons ces archétypes de manière à renforcer inconsciemment une perception rassurante de notre environnement, en nous persuadant par exemple que les agressions sexuelles ont lieu dans des endroits isolés et qu’elles sont commises par des personnes étrangères à notre cercle social, plutôt que dans des lieux où l’on se sent en sécurité et par des individus que nous fréquentons quotidiennement. De plus, la majeure partie d’entre nous est persuadée de posséder un sens commun et une capacité de jugement suffisamment aiguisés sur le comportement des autres et leurs intentions.

Or, le prédateur sexuel utilise précisément ces schémas incorrects de violence et l’excès de confiance que nous avons en nous-même pour parvenir à ses fins. Par exemple, sachant qu’il est une conviction généralement partagée qu’un menteur fuit le regard de son interlocuteur, il s’appliquera à adopter le comportement inverse, regardant la personne droit dans les yeux dans le but d’inspirer confiance lorsqu’il lui assurera qu’elle n’a rien à craindre en sa compagnie. Il prendra soin de rassurer sa cible potentielle en agissant de manière à ce que celle-ci ne sente aucune menace peser sur elle.

Certains tueurs en série américains, dont on peut citer le tristement célèbre Ted Bundy, étaient décrits par leur entourage comme étant particulièrement agréables et charismatiques. Il faut garder à l’esprit qu’un agresseur peut tout à fait posséder une grande intelligence relationnelle pouvant être redoutable. Ce type d’individu sait que les gens sont généralement facilement mis à l’aise par un certain charme et une gentillesse de façade, qui ne correspondent pas à la perception commune caricaturale de ce à quoi peut ressembler un prédateur sexuel.

Réagir sans attendre

Un autre schéma de violence inexact consiste à sous-estimer la rapidité avec laquelle un assaillant peut commettre un viol. Sachez qu’une telle agression peut se produire en moins de 10 secondes, et ce même en pleine heure de pointe dans un lieu public comme le métro. Si quelqu’un vous touche de manière inopportune, n’attendez pas de voir où ce contact peut mener ou ne pas mener. La manière la plus sûre de se prévaloir d’une telle situation est de ne pas chercher à comprendre la raison d’un contact physique superflu. Il vaut mieux appliquer une politique de tolérance zéro, car dès le moment où vous permettez une action qui vous met mal à l’aise de se produire, vous renforcez un état émotionnel de passivité et risquez d’avoir beaucoup de mal à réagir par la suite si ce contact évolue en une agression manifeste.

Sommes-nous vraiment prudent(e)s ?

Autre élément sur lequel nous avons tendance à nous tromper : nous nous appliquons à suivre certaines règles de sécurité et pensons que nous suivrons toujours à la lettre ces principes découlant du sens commun, comme celles de ne pas nous promener dans des allées sombres à des heures inopportunes, ne pas rentrer seul(e) à pieds au milieu de la nuit, ne pas laisser d’inconnu passer le pas de notre porte, etc. Pourtant, nous avons tous fait des exceptions allant contre notre bon sens dans certaines situations. Toute femme ayant subi une agression après avoir laissé un étranger pénétrer chez elle a appliqué cette règle de sécurité et pensé qu’elle la respecterait en tout temps, jusqu’au jour où elle a fait une exception.

Le prédateur sexuel peut se montrer très habile pour vous persuader de faire partie de ces exceptions en inspirant la confiance et en prenant le contrôle de la situation, parfois de manière très subtile. Il connaît, souvent d’expérience, des techniques de manipulation efficaces pour faire baisser la garde à sa victime et influencer insidieusement ses décisions.

Techniques de persuasion

Dans les cas de figure où le prédateur sexuel établit un contact préalable avec sa cible, voici les stratégies les plus couramment utilisées pour gagner sa confiance :

  • • Charme et gentillesse
  • • Un surplus d’informations
  • • Ne prend pas en compte le refus
  • • Le fait de cataloguer
  • • Loansharking
  • • L’association forcée et les promesses non sollicitées

Charme et gentillesse

Tout individu voulant vous (to groom) doit au préalable trouver un moyen d’entrer en contact direct avec vous. Illustrons les stratégies pouvant être utilisées par un prédateur à l’aide de l’exemple d’un ami de votre compagnon se présentant à votre domicile, à un moment où il sait que ce dernier est absent. Il peut également s’agir d’un collègue, d’un membre de la famille qui n’a pas pour habitude de vous rendre visite, de quelqu’un qui prétend faire du porte-à-porte, etc. En se montrant excessivement sympathique et en se confondant abondamment en excuses pour le dérangement, il initie une première démarche vers la manipulation de la confiance que vous pouvez lui accorder.

Or, la gentillesse n’est pas toujours un trait de caractère. Il s’agit d’une manière de se comporter pouvant être purement instrumentale afin de parvenir à ses fins. Se montrer agréable est une compétence qui s’apprend, tout comme nous enseignons la politesse à nos enfants : les gens peuvent apprendre à se montrer sympathiques sans pour autant être pourvus d’intentions louables. Bien que nous associions gentillesse et bienséance à de bonnes intentions, il est prudent de garder à l’esprit qu’elles ne vont pourtant pas nécessairement de pair.

Les parents ne confient-ils pas généralement leurs enfants à des personnes qu’ils jugent être agréables et faisant preuve de bonnes habiletés sociales ? Des personnes réputées pour leur bonne humeur et leur serviabilité ? Ne se tournent-ils pas encore plus volontiers vers quelqu’un qui exerce une profession œuvrant dans le domaine social, quelqu’un qui côtoie quotidiennement des enfants ou qui leur a été recommandé ? Bien que rassurantes, ces « étiquettes » peuvent être trompeuses, car en activant une certaine représentation positive de la personne, elles inhibent la méfiance : face à un tel profil, ils ne conçoivent pas que cette personne puisse être capable de commettre un acte monstrueux. Pourtant, ce type de réputation n’est pas rare à retrouver chez des individus qui s’avèrent être en réalité des violeurs/meurtriers/pédophiles/terroristes.

Un surplus d’informations

Donner plus de renseignements que nécessaire constitue un des stratagèmes fréquemment utilisés dans le mensonge. Reprenons l’exemple de l’individu se présentant à votre porte. Afin d’influencer favorablement votre regard sur ce visiteur inattendu, il peut vous raconter une histoire élaborée justifiant sa présence chez vous comportant beaucoup de détails, répondre à vos questionsavec aplomb, s’étant minutieusement préparé à cette éventualité. Cette surcharge de renseignements est doublement utile pour le menteur, à la fois pour être persuasif et(aussi bien qu'offre de vous tant de renseignements et détail d'estimer que vous oubliez de mettre en doute pourquoi ils vous disent tout cela) L’individu peut par exemple vous expliquer qu’il a urgemment besoin de récupérer un objet prêté à votre compagnon, mais il se perdra dans des explications sans fin qui ont pour objectif de vous faire croire à son histoire.

Ne prend pas en compte votre refus

Hésitante à l’idée de le laisser entrer, vous lui proposez d’aller chercher l’objet en question et de le lui remettre sur le palier. Il vous répond qu’il est pressé et qu’il préfèrerait s’en charger lui-même, car il connaît son exactement exact puisque votre compagnon l’a rangé sous ses yeux. C’est une tentative de précipiter votre décision et de rejeter votre refus. Il vous incite à renoncer à votre manière de procéder et à adopter la sienne pour prendre le contrôle de la situation.

La critique

Considérons maintenant la possibilité que vous insistiez pour faire les choses à votre convenance. Il se peut qu’il ait alors recours à la stratégie de vous faire passer pour quelqu’un de paranoïaque ou de désagréable, jugements que vous pourriez être tentée de contester en adoptant l’attitude contraire qui est de coopérer. La politesse, le désir d’éviter la confrontation et la crainte de renvoyer une image négative de soi peut vous retenir de lui faire remarquer que son comportement vous met mal à l’aise et vous pousser à vous plier à ses demandes (-> profil de victime privilégiée). Si vous constatez que la personne passe beaucoup de temps à insister pour entrer – alors qu’elle prétexte être pressée et aurait obtenu l’objet qu’elle déclare être venue chercher durant ce laps de temps – son comportement doit vous alerter.

L’association forcée et les promesses non sollicitées

Lorsque vous êtes sur le point d’accéder à sa requête, l’individu peut en rajouter avec ce que l’on appelle une association forcée, vous rappelant que vous êtes tous deux des amis intimes de votre partenaire, et ajouter la promesse non sollicitée que « vous n’avez aucune raison de vous méfier ». En effet, nous nous fions aux gens qui nous ressemblent et avec qui nous avons des choses en commun : mettre l’accent sur le fait que vous fréquentez la même personne est une manière efficace de vous donner l’impression d’être « dans le même camp », surtout si cette personne en commun est quelqu’un de confiance que vous respectez.

La promesse non sollicitée consiste à soulever une inquiétude évidente de votre part que vous n’avez pas verbalisée dans le but de la neutraliser. Cette manipulation vise à contourner les objections que vous pourriez avoir avant même que vous ne les exprimiez explicitement, technique couramment utilisée dans la vente. Elle représente un signal de danger potentiel à ne pas négliger.

Différentes catégories de violeurs et leurs motivations

Il existe diverses motivations derrière un acte de viol, autres que la simple recherche de satisfaction physique. La plus courante réside dans la sensation de pouvoir et de contrôle que l’agression procure à l’assaillant. Bien qu’une compréhension des différents profils de violeurs ne soit pas particulièrement utile au moment même d’une agression, avoir une idée globale des types de prédateurs auxquels vous pouvez être confrontée s’avérer utile : en effet, un comportement de votre part peut décourager un certain type de prédateur ou représenter au contraire un déclencheur pour un autre.

La recherche de valorisation

Le violeur d'assurance de pouvoir a une vision incorrecte – voire délirante – de la manière dont fonctionnent les rapports humains. À ses yeux, la victime souhaite avoir un rapport sexuel avec lui, même si elle affirme le contraire, ou prendra conscience de son désir pour lui une fois le rapport initié. Cela dit, il fait rarement appel à la contrainte physique car il cherche à assouvir un fantasme dans lequel il donne satisfaction à sa victime. Il utilisera plutôt l’intimidation, et une fois lancé dans l’acte sexuel aura tendance à rechercher des manifestations de plaisir sa part.Persuadé qu’il entretient un rapport consensuel avec la victime, il a besoin qu’elle lui assure qu’il est désirable et capable de la satisfaire. Ce type d’agresseur peut être dissuadé de passer à l’acte s’il se retrouve face à une personne adoptant une attitude résolument défensive et catégorique.Des signes avant-coureurs peuvent vous alerter, comme par exemple un vol d’effets personnels (plus spécifiquement de lingerie) qui n’est pas à prendre à la légère : il n’est pas rare que ces violeurs subtilisent des objets appartenant à leur victime afin de construire leurs fantasmes autour et nourrir l’idée délirante qu’ils entretiennent une forme de relation intime avec elle.

Le besoin de contrôle

Les violeurs à la recherche de sensation de pouvoir sont souvent de ceux qui commettent des violences (sexuelles et psychologiques) au sein de leur couple. Ce type d’individu n’est pas à l’écoute des désirs et refus de sa partenaire : contrôlant, il pense avoir le droit de disposer des femmes selon sa convenance. Elles existent exclusivement pour lui donner satisfaction. Le sexe est pour lui un devoir que sa compagne se doit d’assumer et n’a pas le droit de lui refuser.

Le désir de vengeance

Ce type d’agresseur trouve sa motivation dans le sadisme : contrairement au psychopathe, il est pleinement capable de reconnaître l’état émotionnel d’autrui et trouve son plaisir dans la détresse et la souffrance qu’il inflige à sa victime.Il passe généralement beaucoup de temps à fantasmer et à planifier ses scénarios d’agression, souvent complexes et ritualisés, conçus pour durer le plus de temps possible. Il utilise le sexe comme un moyen de dégrader, d’humilier et de blesser. Il est fréquent qu’il décrive à sa victime ce qu’il compte lui faire subir afin de retirer une satisfaction de la peur qu’il suscite en elle, et prendra note des stratégies qui provoquent les plus grandes réactions émotionnelles afin de les utiliser comme moyens favoris de torture.

Ce type de prédateur a souvent recours aux méthodes de (toilette)et aux embuscades pour atteindre sa cible. Il est peu probable que la victime puisse le « raisonner » une fois isolée avec lui, car tout indice de peur nourrit son excitation.Étant donné que la réalité s’avère rarement fidèle à ses fantasmes, ceux-ci deviennent plus extrêmes à mesure de ses expériences, le rendant de plus en plus violent et pouvant le conduire au meurtre.

Tous les sadiques ne commettent pas forcément de viols. Certains trouvent des partenaires aux tendances masochistes consentant à se livrer à leurs pratiques. Généralement misogynes, ils ont tendance à percevoir les femmes mauvaises par nature et détenant plus de pouvoir qu’elles ne devraient. Leur sadisme est très spécifique (c-à-d ?).

Conclusion

Certains agresseurs peuvent agir impulsivement suite à un déclencheur émotionnel soudain. Mais malgré l’idée fausse que les médias ont tendance à véhiculer en privilégiant ce type de scénario, il est pourtant le moins courant : la plupart des agressions sexuelles sont précédées par un échange verbal durant lequel l’assaillant cherche à prendre le contrôle de la situation (processus de toilette) et évaluer dans quelle mesure vous pouvez correspondre à son profil de victime privilégié. Ce processus peut être effectué dans un laps de temps très court, c’est pourquoi il vaut mieux adopter une attitude de tolérance zéro et de mettre fin rapidement aux conversations superflues avec des individus qui vous abordent.

Gardez à l’esprit que si vous vous méfiez de l’inconnu qui marche derrière vous lorsque vous rentrez seule dans la pénombre, c’est surtout malheureusement de votre cercle social qu’une agression a le plus de probabilités de provenir.

Les techniques d’autodéfense présentées dans le 1er module sont basées sur les scénarios suivants, couramment rencontrés lors d’agressions d’ordre sexuel :

  • 1.Étranglement par derrière / de face / de côté
  • 2. Tentative d’enlèvement avec couteau par derrière / de face
  • 3.Saisie de corps par derrière / de face avec soulèvement
  • 4. Saisie poignets
  • 5. Saisie des cheveux
  • 6. Coups de poing
  • 7. Coups de genou
  • 8. Coups de pied
  • 9. Utilisation d’objets courants
  • 10. Guillotines de côté / par derrière